La crise écologique, une crise de l'esprit ?
Fonte des glaces, augmentation du niveau de la mer, multiplication des espèces en voie de disparition… La situation climatique ne va pas en s’arrangeant. Il incombe à chacun de nous de considérer davantage l’impact de nos activités sur l’évolution du climat, faute de quoi les conséquences pourraient s’avérer irréversibles.
Le problème, c’est que nous sommes enraciné·e·s dans un système économique et sociétal qui fait naturellement obstacle à la sauvegarde de notre environnement. Plusieurs gouvernements ont, certes, entrepris des démarches telles que la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la diffusion de messages de prévention, mais la mise en place de ces mesures n’a manifestement pas suffi. En effet, le réchauffement climatique en 2021 ne montre aucun signe de ralentissement. Pourtant, nous avons conscience de la catastrophe avenante. Pourquoi, dans ce cas, continuons-nous d’agir dans l’intérêt contraire de la planète ?
Certaines recherches en neurosciences peuvent décemment apporter une réponse à cette question. Les neurones du striatum, qui charrient de la dopamine et du plaisir, sont le moteur principal des humains. Parallèlement, notre cortex cérébral s’est largement développé au fil des années, à un point tel qu’il est aujourd’hui capable de procurer au striatum presque tout ce qu’il désire, parfois sans effort. Or, le striatum ne demande que cela. Il ne veut pas se limiter. Maîtrisant toujours plus de technologies pour assouvir nos besoins, nous sommes devenus quasiment incapables de nous modérer. Très peu de personnes seraient prêtes à renoncer au confort qui leur est accordé présentement, au profit d’un futur qu’elles ne connaitront jamais. Cette mécanique obstinée menace aujourd’hui de nous asphyxier, non seulement en polluant les rapports entre nous, mais aussi en causant des dégâts profonds sur nos modes de vie et notre environnement.
La problématique à laquelle nous sommes confronté·e·s aujourd’hui est très complexe, car il s’agit d’un véritable cercle vicieux. Quand des avantages instantanés qui flattent notre striatum sont proposés ici et maintenant, qu’est-ce qui pourrait nous empêcher de les saisir sans attendre ? Comment changer notre cerveau ?
Cela fait maintenant un mois que je travaille chez Emergences en tant que stagiaire, mais j’avais commencé à suivre le cycle ‘Apprivoiser l'éco-anxiété par la pleine conscience et la reconnexion au vivant’ avant mon arrivée. La première chose que j’ai pu remarquer, c’est que la manifestation de cette éco-anxiété est propre à chacun·e. Pour certain·e·s, elle peut se manifester par une profonde tristesse. Pour d’autres, par de la colère et une envie de lutter contre les maux qui accablent notre planète. Au cours des séances, il nous était proposé d'allier la pratique de la méditation à des exercices de reconnexion au vivant, nous rappelant l’interdépendance entre notre santé et celle de notre environnement. J’ai pu découvrir sous un tout nouveau jour le lien émotionnel qui nous rattache à Mère Nature, et me rappeler que nous faisons partie d’un tout : prendre soin de soin de nous, c’est aussi – et particulièrement – prendre soin de la Terre sur laquelle nous vivons.
Lorsqu’on prend conscience de ce lien, toute la menace qui pèse sur l’ensemble de la biodiversité nous parait soudain complètement absurde. S’il y a bien une chose que je retiendrai de ce cycle, c’est que la nature incarne notre alliée la plus précieuse. Or, nous agissons sans cesse comme si elle était notre pire ennemie. Certainement parce que sa protection représente un obstacle au déploiement de nos progrès technologiques et scientifiques.
Ce cycle de six séances m’a permis de réaliser beaucoup de choses, des choses qui figurent pourtant comme des réalités, voire des évidences, quand on s’y penche. Déjà, l’importance de la gratitude envers notre planète. Le fait que nous nous soyons tellement habitué·e·s à notre confort, nos réussites ; notre bonheur, en somme ; que nous en oublions la chance que nous avons. Souvent, on ne se rend pas compte, on se lasse, on en vient même à se comparer aux autres, laissant émerger des sentiments de frustration et de convoitise qui n’ont pas lieu d’être. Se rappeler du simple fait que nous sommes vivant·e·s, et remercier la Terre pour cela, c’est cultiver notre attention et notre conscience des nombreux bienfaits qu’elle nous procure.
Aujourd’hui, la plupart des humain·e·s se sentent déconnecté·e·s de la nature. On assiste non pas seulement à une crise écologique, mais aussi à une crise des valeurs. Les décisions prises dans les pays développés tendent généralement vers la volonté d’assurer la survie de l’espèce humaine, mais pas vers une remise en question de nos modes de vie et de pensées. Pourtant, la société de surconsommation que nous avons progressivement bâtie ne pourra pas subsister sur le long-terme. Avec ce cycle, j’ai pu apprendre à voir le monde sous un tout nouvel angle. En reconnaissant la valeur inhérente de tous les êtres vivants, je me suis mise à leur place, et ça m’a donné envie de changer mes habitudes, d’œuvrer pour une société plus respectueuse de l’environnement.
‘Agir’, voilà le mot qui m’a le plus interpellée au cours de ce programme d’écologie profonde. Souvent, en tant que spectateur·ices de la catastrophe environnante, nous nous contentons de remarquer, mais nous n’agissons pas. Sûrement parce que nous ne savons pas quel rôle jouer dans tout cela. Nos instructrices, Caroline Lesire et Isabelle Giraldo, ont su nous dépeindre de quelles différentes manières nous pourrions contribuer à opérer les changements auxquels la crise nous accule : par l’action collective, par un travail intérieur, par des représentations culturelles alternatives… tant de rôles possibles à incarner !
Ce que j’ai trouvé touchant, c’est de voir cette solidarité et cette tendresse émerger entre l’ensemble des participant·e·s à ce cycle, alors que nous communiquions en ligne. Chaque personne était différente, mais venait pour une seule et même raison : l’amour de cette Terre. Certain·e·s exprimaient avec véhémence leur sentiment de révolte face à tant de négligence, d’autres souhaitaient tout simplement se reconnecter au vivant et à la Terre. Et c’est merveilleux, car j’ai pu ressortir enrichie de ces deux expériences : d’un côté, j’ai appris à considérer la nature comme une précieuse amie, et de l’autre, j’ai nourri l’indignation nécessaire pour me donner l’envie de réagir.
Comment amorcer le changement vers une société plus durable ? Pour moi, la solution réside essentiellement dans le changement de la conscience humaine. Notre striatum nous pousse sans cesse à repousser les limites de notre propre satisfaction, et alors ? N’est-ce pas parce qu’on lui a appris à aimer les mauvaises choses ? Parce qu’on l’a habitué à la facilité, à la surconsommation, au toujours plus ? A la place, ne devrions-nous pas lui rappeler combien la nature est belle, riche, et bienfaisante ? Des cycles tels que ‘Apprivoiser l’éco-anxiété par la pleine conscience et la reconnexion au vivant’ devraient être suivis par tous les enfants dans un cadre éducatif, et ce dès leur plus jeune âge. Apprendre à aimer et à respecter la vie, telle est la clé pour enclencher un changement des mentalités.
Si le programme vous intéresse, n’hésitez pas à vous inscrire ici.
Le prochain cycle se déroulera du 17 février 2022 au 24 mars 2022 de 10h à 11h30, en ligne.